COEURS VAILLANTS - ÂMES VAILLANTES MIDADE
A Coeurs Vaillants, rien d'impossible !

Historique


L’histoire du mouvement Cœurs Vaillants - Âmes Vaillantes remonte à très loin dans le temps, avec la création des patronages en France au 18ème siècle. Mais qu’est-ce qu’un patronage ?

 

Le 18ème siècle est un siècle particulier. C’est le début de l’industrialisation et de l’urbanisation. Un certain nombre de problèmes affligent la société française. Nous pouvons citer pêle-mêle comme cela : l’égoïsme des uns envers les autres ; la crise de la foi ; la dislocation de la famille ; le peu d’attention qu’accorde les parents en matière d’éducation des enfants ; l’oisiveté des enfants et leur emploi dans les nouvelles usines et ateliers. Il y a aussi l’absence de cadre récréatif pour ces jeunes, l’aspect superficiel et la courte durée du catéchisme, permettant seulement l’accès à la première communion qui ne débouchait guère sur une pratique sacramental, etc.

 

De ces fuites de la société, constatées par les prêtres, marseillais pour la plupart (qui ont à cœur l’éducation des enfants), les patronages voient le jour dès 1720 et s’implantent un peu partout sur l’ensemble du territoire français. Une méthode est même proposée par écrit par l’un de ces prêtres marseillais à l’intention des principaux acteurs, souvent des religieux, de l’animation et de la vie des œuvres de jeunesse, patronages et cercles. Au 18ème siècle, on récence en France 155 patronages avec plus de 400 membres, ce qui n’est pas rien. Le patronage est un lieu où se développent une ambiance, une atmosphère éducative à base d’influence sacerdotale. Ses objectifs étaient les suivants :

-       Former l’enfant et le jeune homme à la vie chrétienne et même à la perfection chrétienne.

-       Cultiver les vertus naturelles que sont la sincérité, la politesse, la gratitude, l’honnêteté.

-       Développer les forces physiques et morales au moyen d’exercices de piété, de jeux collectifs, et pourquoi pas, de sport et de gymnastique.

 

Le patronage est aussi une association d’enfants et de jeunes gens qui se rassemblent, sous l’autorité d’un prêtre, pour se récréer et se former à la vie chrétienne… Nous n’allons pas ici nous perdre dans tout le déballage de connaissance portant sur le fonctionnement et l’animation des patronages.

 

Au fil des ans, les patronages, malgré leur caractère quelque peu austère avec le système d’exclusion par exemple, et les critiques qui les accusent d’être des garderies d’enfants, deviennent de plus en plus grands, de plus en plus nombreux. C’est grâce à leur action que se sont développés les mouvements de jeunesse. Comprenant le bien fondé et l’importance de l’activité des patronages, saisie par les évêques et archevêques de France, une institution catholique, l’UNION DES ŒUVRES (U.D.O), par son secrétaire l’abbé BARD de la congrégation des Fils de la Charité, fut créée : l’UNION DES PATRONAGES. Peu après, sur les propositions de certains directeurs d’œuvres installés dans le Nord de la France, l’Abbé BARD soumet à l’Union des Œuvres l’idée de la création d’un journal pas cher qui servirait de lien, de courroie de transmission, entre les différents patronages. Pour l’abbé, le journal devra répondre aux critères suivants :

-       Journal hebdomadaire pour écolier du patronage ;

-       Nettement catholique ;

-       Enfant, beaucoup plus nettement « garçon » que l’ECHO DE NOEL », vivant comme « PIERROT » mais un peu plus ;

-       Ayant une partie de ses pages nettement patronage avec des avis, des histoires, des concours qui prolongent l’action des directeurs des œuvres ;

-       Le tout vendu à 0,25 F.

 

Cet abbé plein d’énergie proposa peu après à l’abbé LAROCHE, un responsable de patronage, une liste de titres possibles pour le futur journal des patronages. Il lui demanda de bien vouloir lui indiquer vers lequel des noms suivants se portaient sa préférence :

GAVROCHE ; CŒUR VAILLANT ; L’INTREPIDE ; HARDI LES GARS ; LE BON PETIT DIABLE ; LURON ; GAI LURON…

 

Le choix du nordiste et ses confrères se porte sur CŒUR VAILLANT. Il précise en disant CŒURS VAILLANT au singulier pour le journal, au pluriel pour les enfants. Le nom du journal sera :

CŒUR VAILLANT, le journal pour les petits gars de France.

 

Dans le journal, comme le demande l’abbé BARD, les rédacteurs écrivent sous le couvert de nom d’emprunt ou de pseudonyme. Ainsi Gaston COURTOIS (G.C) écrivit-il sous le nom de Jacques Cœur. Bref, le premier numéro sortira de l’imprimerie le 20 octobre 1928 comme le veut l’abbé LAROCHE.

 

Les Abbés ne savent pas qu’ils viennent d’écrire la première page d’une histoire extraordinaire qui va faire vibrer le cœur de milliers, de millions d’enfants qui, de lecteurs deviendront les membres d’un mouvement d’Eglise qui commence à se structurer : Les CŒURS VAILLANTS et ÂMES VAILLANTES (CV-AV) qui au fil des décennies prennent les noms de FRIPOUNET, FORMULE 1, TRIOLO, DJIN, AIGLONS, AVETTES, PERLIN… en France.

 

CŒUR VAILLANT, UNE GRANDE AVENTURE

 

CŒUR VAILLANT (CV) n’est donc au début qu’un journal sorti en 1928, pour redynamiser la vie des patronages.

Arrêtons-nous la vie quelques instants. Cette date porte un coup à l’idée maintenue et véhiculée par certains sur l’existence d’un mouvement CV-AV qui serait créé par l’Abbé G. COURTOIS en 1925. D’autre part, notons qu’en 1925, le nom ÂMES VAILLANTES n’existe pas encore.

 

Quelque temps après la sortie de ce premier numéro, une catastrophe arrive : le journal « L’AMI DES JEUNES » qui est le support de CV doit être supprimé. Cela signifie la rupture des accords passés avec CV. On s’interroge : Est-ce l’arrêt de mort de CŒUR VAILLANT ?

 

EVOLUTION DE CŒUR VAILLANT

 

Le journal CŒUR VAILLANT (CV) ne mourra pas. Une nouvelle formule voit le jour avec pour rédacteur Gaston COURTOIS, à la suite d’un accord passé avec le journal « BENJAMIN ». Il comportera huit (08) pages de dimension 27/37cm et sera vendu à 25 centimes.

 

Gaston COURTOIS est né à Paris le 21/11/1897. Il fut élève au lycée Louis-le-Grand en 1912, avant d’entrer en 1919 au séminaire Saint Sulpice d’où il sort Fils de la Charité. Peu après sa sortie du séminaire, on lui confie la charge des œuvres sacerdotales et colonies de vacances. Il devient par la suite vicaire de Gentilly. Nommé à l’U.O.D à la faveur du congrès du 15 au 19 juillet 1929, il entre au service de CV en rédigeant quelques billets (articles). Là encore, je souhaite lever une équivoque : G.C découvre CV en 1929 ! Comprenez que le nom donné au journal n’est pas de lui.

Quand G.C a entre ses mains l’outil CV il lui donne une nouvelle vie. Aussi le numéro de CV qui sort comme il le désire le 8 décembre 1929 est considéré comme LE PREMIER NUMERO DEUXIEME FORMULE CV. Soit dit en passant tous les journaux liés à CV qui sortiront sous la direction de G.C paraîtront le 8 décembre en l’honneur de l’Immaculée Conception.

 

A partir du 30 octobre 1930, CV prend son indépendance (c’est ce qu’on a appelé la troisième renaissance). Il aura une influence impressionnante sur les lecteurs. Toutes les données, renseignements qui vont faire le mouvement que nous connaissant sont passés par lui. Je pourrais m’avancer en disant que sans ce journal le mouvement n’existerait pas. CV reliera de nombreux patronages dans un même élan, repère. Les enfants ne se retrouveront que par lui. C’est par lui que sont institués et véhiculés les principes de groupe, les insignes, et tout ce qui fait le aujourd’hui le mouvement. Son coût, pas cher et sa prestance lui ouvre les bras des enfants. Dès 1929, le journal utilise les talents d’un jeune dessinateur, contacté par G.C, qui était reporteur à « PETIT XXe ». Imaginez un peu ! Il s’agit de celui qui fait deviendra le célèbre HERGE. Eh oui cher lecteur, HERGE a travaillé pour le compte du journal CV. Il y a de quoi en être fier, n’est-ce pas ? Parmi les premiers et les plus célèbres dessins d’HERGE à CV nous retrouvons « Le triomphe de l’aigle rouge » (03/07/1930) et la publication dès le 06/10/1930 des AVENTURES DE TINTIN ET MILOU AU PAYS DES SOVIETS.

 

Fin 1936, l’U.D.O recense 3 747 groupes recevant le journal CV. En 1937, il est diffusé à 120 000 exemplaires ! C’est le signe d’un certain engouement de la part des petits écoliers de France et nombreux sont ceux qui parmi eux se disent CV.

 

Beaucoup de choses sont à dire au sujet de ce journal de huit (08) pages où l’on écrit sous le couvert de pseudonymes (cf. Jacques Cœur pour G.C, etc.), et qui voit de temps en temps naître de nouvelles rubriques, telle celle signée Tagada de l’abbé Jean PIHAN alias Jean Vaillant, en 1935 et ayant pour titre « A tire d’aile » ou encore celle du « coin de l’Equipe » qui invite les chics gars des patronages à se mettre en équipe et les interpelle pour qu’ils se sentent appelés à devenir chef d’équipe. Mais pourquoi chef d’équipe ? Simplement parce que d’après Tagada « ça donne tout de suite l’idée de gens qui travaillent ensemble d’un même effort, à une même tâche. Les ouvriers dans les chemins de fer ou les usines travaillent en équipe ». 

 

L’abbé PIHAN est avec G.C COFONDATEUR du mouvement CV/AV. C’est un ex-scout qui a fait sa promesse le 03 juillet 1927. Séminariste à Aix-en-Provence, il est né le 20 mai 1912 à Cherbourg. A Aix, il s’occupe du patronage de Sainte-Jeanne d’Arc qu’il organise en équipe.

 

C’est de CV que naît en 1937 ÂME VAILLATE. Nous y reviendrons.

 

Ce journal va plus loin, au point de toucher des couches spécifiques d’enfants (ruraux, marins, etc.). Par la force, la ténacité, l’ambition, la confiance de L’U.D.O, des dirigeants de CV, et le désir de ses lecteurs, derrière le journal, un mouvement va s’imposer de lui-même, même s’il a fallu du temps pour l’admettre.

 

Voyons maintenant comment se profile ce mouvement qui enracine dans un journal.

 

Les échos de CV sont impressionnants auprès des enfants qui se sont même faits, sous l’œil attentionné de leurs directeurs de patronages, de leurs rédacteurs, défenseurs et promoteurs de leur journal. Ce sont ces enfants, lecteurs qui vont réclamer tour à tour au journal : des manifestations, des insignes, des uniformes et une organisation.

 

Suite à l’intérêt porté au journal, G.C organise au palais du TROCADERO, le 03 avril 1931, le premier spectacle en faveur des du journal. Y assistent, quelque 5 000 enfants, garçons et filles des patronages de Paris et de la banlieue, titre le journal LA CROIX du 02 mai 1931. A cette occasion G.C fait chanter par Paul CHAUBET, le père d’un lecteur de CV, les paroles d’un chant de l’abbé GENY du Diocèse de Cambrai « C’EST NOUS LES PETITS GARS DE FRANCE » qui dévient alors chant national des CV. L’expérience est une réussite. Désormais la manifestation a lieu chaque année. Et à partir de 1933, de semblables réunions sont organisées en province.

En 1932, apparaît le SLOGAN : A CŒURS VAILLANTS RIEN D’IMPOSSIBLE ».

En 1933, des CHANTS (C’est nous les CV et Mais vient donc au patro).

 

L’insigne : l’idée de l’insigne voit le jour à la demande des lecteurs en 1931. Il est choisi en 1933, et présente une croix qui s’enchâsse dans le cœur de CV qui clament la fameuse devise. Voici les explications qu’en donnent les fondateurs à son sujet :

-       L’insigne CV est une CROIX signe du CHRETIEN en communauté avec la croix des autres mouvements chrétiens appelant à suivre la MYSTIQUE de la CROIX et du SACRIFICE.

-       CROIX du MARTYR saint MAURICE, chef de la légion des premiers chrétiens qui a préféré se laisser tuer plutôt que de renier le CHRIST. Appelant à vivre de la MYSTIQUE du MARTYR CHRETIEN.

-       C’est la CROIX des CHEVALIERS aux CROISADES (Mystique de la Chevalerie, de la lutte contre le mal) et des dirigeants d’œuvres catholiques quand ils ont donné leur union (Mystique d’union dans l’apostolat Chrétien). Sur cette croix est un cœur symbole de charité, de générosité, formé des lettres C et V symbole de la vaillance, de l’ardeur et de l’optimisme.

 

Pour la porter, il faut satisfaire à certaines épreuves que l’on passe devant son directeur d’œuvre ou d’école. Ainsi il existe trois (03) insignes : bleu (2ème classe), vert (1ère classe) et blanc pour les CV-Chefs. Ces épreuves tournaient autour de la connaissance des prières chrétiennes, des chants, de la lecture de la bible, etc.

 

Entre 1931 et 1934, voulant que chaque enfant puisse rayonner et vivre cet esprit CV autour de lui, le journal CV se met à populariser des manières d’être, de faire, sous forme de maximes, de devises telles que :

« Le CV ne fait jamais pleurer sa maman » ou « Le CV est toujours franc » ou encore « Le CV est fier de porter son insigne à la ville, à la campagne, à la montagne », etc.

 

1934 toujours paraît, à la demande des lecteurs de CV, l’UNIFORME CV.

Il se compose :

-       D’une chemise en belle toile d’avion, manche longue, col Danton, insigne brodé sur la poche, ou une chemise en jersey de coton jaune clair, manche courte, col Lacoste, et insigne brodé ;

-       D’une culotte marron ;

-       D’un béret type « béret basque » orné d’un insigne brodé ;

-       D’un foulard en satine jaune or ;

-       D’une ceinture en cuir fauve.

 

1935, la PRIERE DES CV et celle JESUS BENIS TES CV (1936) sont publiée dans le journal. Cette même année, comme le chrétien n’a pas le droit d’être isolé, une « grande coupe CV » est organisée. Elle est attribuée au meilleur reportage effectué par groupe.

 

Les lecteurs de Cœur Vaillant se retrouvent encore une fois de plus, en 1935, pour une grande activité : la course à l’étendard. Une course visant à promouvoir par les groupes de patronages ou groupes d’enfants, les ventes du journal. La récompense est soit une œuvre d’art confectionné par mademoiselle PELICAN « l’étendard de Jacques Cœur » (chaque fois remis en jeu), le drapeau CV, et des bannières d’honneur.

 

Après les insignes, les uniformes, les lecteurs de CV réclament une organisation nationale. Parmi ceux-ci, il y a ceux du diocèse d’Aix-en-Provence où le séminariste Jean PIHAN (Jean Vaillant) manifeste des compétences certaines. Dès 1933 avec d’autres séminaristes, il contribua à la diffusion de CV. Ancien scout, PIHAN organise son patronage, celui de Jeanne d’Arc, en introduisant le système des équipes de «  Moustique (5-8 ans), six « d’aiglons » (8-11 ans) dont deux font le football et les autres des jeux dans la cour ou sur la colline avoisinante. Chaque équipe a un chef investi, une devise, un patron, un écusson, un nom d’animal et un coin d’équipe.

 

En fait, l’idée d’une organisation va à plusieurs reprises effleurer des responsables de patronage. Mais c’est plutôt PIHAN qui va consolider cette pensée. D’abord il écrit à BARD, puis à G.C. Voici quelque termes de la lettres : « (...) Pour le moment, nous roulons à bloc sur la mystique vaillant (…), on emploie la devise comme cri de masse et de commandement. « Cœur Vaillant ! Remplace le « Toujours… prêt ! » des scouts (…). En somme, on y croit et ça arrive, sans parler du chant, du fanion, du béret, de la vente du journal, etc. Mais ce que nous voulons c’est faire de l’idée « Cœur Vaillant » une vraie « mystique », comme la mystique scout (…). Ceci va donc, grâce aux directives officielles, s »étendre à tous les diocèses. Et je disais à monsieur BARD combien beaucoup, ici, désirent voir une sorte de Fédération nationale. »

Bien avant PIHAN et les lecteurs de CV, il y a eu le mot d’ordre de Monseigneur COURBE (secrétaire général de l’action catholique) qui, en janvier 1934, laisse entendre lors d’une réunion des directeurs diocésains qui se tenait à Paris au siège de l’action catholique, qu’IL SERAIT BON DE CONSTITUER UNE FAMILLE DES ENFANTS, UNE METHODE ET UNE ORGANISATION DE PATRONAGES D’ECOLIERS EN S’APPUYANT SUR LE JOURNAL CŒUR VAILLANT CATHOLIQUE DE FRANCE SOUS L’EGIDE DES CŒURS VAILLANTS. Cela signifie que c’est entre 1934 et 1935 que l’idée d’une organisation CV affleure avec insistance les esprits. Mais jusque-là. Le Mouvement n’est pas encore né !

 

Nous sommes en 1935, rue du Regard à Paris, PIHAN qui est à sa cinquième année de séminaire se met à collaborer à Cœur Vaillant en rédigeant la rubrique «  Le coin de l’Equipe ». Cette information est d’autant plus importante qu’elle nous livre, l’année d’entrée de PIHAN, alias Tagada, alias Jean Vaillant, comme rédacteur à CV. C’est sur la demande de G.C qu’il étudie et fait des propositions sur la mystique CV à présenter à l’Union des Œuvres que dirige l’abbé BARD qui est également motivé par le perspective d’une organisation d’un mouvement tout en étant conscient qu’il ne suffit pas de faire une organisation qui aurait ses groupes, ses chants, ses insignes, ses uniformes, ses rassemblements pour faire un mouvement. Il faut lui donner une « âme », un souffle, une orientation.

 

Le projet est présenté au Congrès de Marseille (14-17 avril 1936). C’est le 55ème du genre. Il se déroule sous la présidence de Monseigneur DUBOURG, évêque de Marseille, et de Monseigneur CREPIN, président de l’Union des Œuvres. Il y a là 1150 congressistes qui travaillent sur le thème de « l’action catholique des œuvres ». Le mardi 14, après-midi, G.C qui pense le patronage comme uns institution vivante, s’adressant à des êtres vivants et qui, comme la vie, a sans cesse besoin d’être adaptée, mise au point, présente le rapport sur les « œuvres de jeunesse et l’action catholique ». C’est l’occasion pour lui d’exposer l’idée d’une organisation CV qui part d’un journal. L’évêque de Marseille est du même avis que COURTOIS. Et le vœu qu’il a émis pour la création d’une organisation CV confortait la démarche de l’Union des Œuvres dans sa conviction qu’une revitalisation des patronages passait par la mise en place d’une organisation nationale autour du journal CV.

 

Maintenant il fallait attendre que les différents diocèses français se lancent dans l’aventure ou plus précisément que les évêques, seuls responsables de leur diocèse, invitent leurs patronages à suivre la formule CV.

 

Un mouvement semble se dessiner désormais, mais sans idées directrices pour le moment. Dès cette année, des journées de formation destinées aux prêtres sont organisées. Des examens sont préparés en vue de l’obtention des insignes CV. Et surtout, G.C prépare activement le rassemblement annuel des lecteurs de CV qui devait se tenir le 7 mai suivant à l’amphithéâtre de LA SORBONNE.

 

Nous sommes toujours en 1936, au mois de décembre, le SALUT CV, réclamé en 1933 s’est enfin présenté dans Cœur Vaillant, dans un article de Jacques Cœur (G.C) :

Le SALUT : l’avant-bras droit est replié sur la poitrine, le pouce venant se placer devant le cœur, la paume de la main tourné vers le sol. Le CV lance le cri joyeux « UNIS ! » Tout cet article a été préparé par Jean PIHAN lui-même avec son souci que tout geste a une signification profonde. PIHAN explique le salut :

La main sur le cœur c’est normal pour un CV ;

Le bras formant une croix par rapport au corps, c’est pour rappeler que nous sommes tous chrétiens ;

Le cri UNIS, pour signifier qu’avec tous nos frères, nous sommes unis pour un immense labeur, rebâtir la CITE DU CHRIST.

Ce salut reprend celui de la « Cité des Jeunes » du père FILIERE, un mariste, professeur de psychologie à l’Institut Catholique de Paris, qui créa un rassemblement d’enfants où ces derniers étaient invités à bâtir la Cité des Jeunes avec deux devises :

La loi de Charité ;

Nous ne sommes qu’un seul corps dans le CHRIST.

 

Mais, au fait, pourquoi cet oubli, cette mise à l’écart des filles ?

 

Parce que les filles dépendaient de la Fédération de Patronages des Jeunes Filles. Il faut comprendre simplement qu’en France, il existait un patronage des garçons et un autre pour les filles. D’autres parts, l’U.D.O ne s’est jamais directement senti concerné par le patronage des filles. Seulement, il n’y avait pas désintéressement total envers les jeunes filles car la rédaction de CV introduisait de temps à autre des articles pour les petites sœurs de CV. Ainsi même si l’idée d’un journal des filles dans le style de Cœur Vaillant est proposée d’abord par Laure COLLONVILLE, rédactrice de L’AMI DES JEUNES et lors du lancement de la deuxième formule de CV, de G. COURTOIS, la présence des ÂMES VAILLANTES (AV) s’est fait ressentir toute seule.

 

En 1936 – 1937, la Fédération des Patronages de Jeunes Filles voit des groupes de filles s’organiser elles – mêmes sous le nom d’AMES VAILLANTES dont les animatrices trouvaient la source dans CŒUR VAILLANT !!! Devant ce foisonnement imprévu, la Fédération des Patronages des Jeunes Filles se met à encourager  l’Union des Œuvres pour qu’elle lance un journal destiné spécialement aux écolières. Elle verra ensuite quoi faire en matière d’organisation, de mouvement. Le souhait est entendu et le 8 décembre 1937 sort le premier numéro du journal ÂME VAILLANTE. Notons biens que le 8 décembre est pour G.C un jour symbolique. C’est, entre autre, le jour de la sortie du premier numéro nouvelle formule, de CV.

 

Dans le numéro CV du 31 octobre 1937, G.C écrit : « (…) nous sommes 480 000, nous les petits gars des patros groupés sous le signe de la croix de saint Maurice. Nous somme la plus forte organisation d’enfants qui soit sous le soleil de France. Avec tous les écoliers chrétiens, avec nos petites sœurs les Âmes Vaillantes dont l’idéal est même que le nôtre nous sommes plus d’un million. »

 

C’est bien un mouvement qui se révèle au grand jour. Un autre signe le manifeste, depuis le 21 novembre 1937, les aumôniers responsables d’un groupe de CV ont leur revue de formation. Elle s’appelle « COMMUNICATION CŒURS VAILLANTS ». Par elle, ils apprennent qu’ils sont 4 700 prêtres à recevoir et à distribuer CV et qu’une quarantaine de diocèses ont regroupé tous les patronages d’écoliers en Fédération CV.

Ce qui est sûr c’est qu’avec la création du journal des AV, l’année 1937 se terminait sous un signe porteur d’un immense avenir.

 

Revenons un moment sur l’évolution d’AV. Le journal reçoit un très large écho auprès des jeunes filles. Ainsi, dans sa première année il atteint 63 000 exemplaires. Il faut voir dans ce succès les fruits du travail effectués par Marie France, allias François SEBILEAU, une jeune demoiselle qui fut présentée à G.C quelques années auparavant, et à qui ce dernier confia la charge d’une des revues de l’U.D.O : «  la vie au patronage ». Par la suite, les responsables de l’U.D.O, du fait de son talent et de son amour pour les enfants, lui confièrent la charge de lancer le journal et le mouvement des AV.

Fin février 1938, apparaît dans AV la rubrique « coin des équipes » rédigée par Myriam Vaillant !!!

Le 7 avril, c’est le lancement du concours «  le RUBAN BLEAU des AV », copie de la célèbre course à l’étendard des CV.

Pendant l’été, sortent successivement : la brochure « Mouvement AMES VAILLANTES », les insignes brodés puis en métal, le chandail, le salut des AV.

A la rentrée scolaire, les directrices peuvent s’abonner à « COMMUNICATION CV » qui s’intitule désormais « COMMUNICATION CV et AV ». Elles y apprennent les noms des légions : AVETTES, SOURIANTES, RAYONNANTES, CONQUERANTES. Le succès ne se fait pas attendre et à la fin de l’an 1938, ce ne sont pas moins de 42 diocèses qui ont reconnu le mouvement AV.

 

Durant cette même année, l’équipe de G.C apprend le démarrage et l’existence du mouvement CV au Collège de la Salle à BEYROUTH, à BRAZZAVILLE (Congo), au QUEBEC, à BIEGO SUAREZ (MADAGASCAR).

 

Dès l’année scolaire 1937 – 1938, le mouvement organise son travail autour d’un « Plan progressif », d’une « ligne d’année », qui deviendra plus tard « Campagne d’année ».

Voici quelque thème :

-       FIERS D’ETRE CHRESTIENS (1937 - 1938)

-       NOUS LES CHRESTIENS (le sens de l’Eglise et sa mission 1938 - 1939)

-       TOUS UNIS DANS L’HOSTIE, devenant à partir de décembre 7939, à cause du déclenchement des hostilités par le régime nazi : TOUS UNIS POUR SERVIR ;

-       LA RECHERCHE DU BONHEUR (nous ferons une France plus belle, la France chrétienne 1940 - 1941)

-       LA FAMILLE ;

-       LE RENOUVEAU (nous les chrétiens nous renouvellerons la face de la terre par notre joie, notre vaillance, notre travail) ;

-       L’UNITE DANS LE CHRIST SERA LA PAIX DU MONDE (1943 – 1944)

-       SOYONS LES TEMOINS DU CHRIST (1944 – 1945)

 

 

A partir de 1943 – 1944, le thème d’année tient de la structuration même du mouvement : il est parfois présenté de manière différente selon les types d’enfants rejoints. Certaines années il y a même des thèmes spécifiques à des branches (urbaines, rurales), à des âges (8 - 11 / 11 – 15), à un sexe (gars, filles) ou à des milieux (rural, ouvrier, indépendant).

 

Au début de l’année 1939, CV/AV qui n’est pas encore consacré comme mouvement par l’assemblée des Cardinaux et Archevêques, aspire à grandir, à toucher le maximum de jeunes, d’enfants et avant tout les isolés, réussit à se faire vendre dans les bibliothèques de gare. Il touche les élèves des collèges en mettant en lien avec des professeurs, des prêtres pour intéresser non une élite mais toutes les classes à l’idéal CV. Même des fils de pêcheurs lisent CV. D’autres événements sont à même de réjouir le cœur des abbés G.C et PIHAN, par exemple l’arrivée dernière de MOUSSION dit JOB envoyé en stage par l’évêque de Metz à la rue Fleurus.

 

Le 30 juin 1939, à lieu la première rencontre d’aumôniers diocésains. A cette date, 72 diocèses approuvent officiellement le mouvement, 32 aumôniers diocésains et 3 aumôniers adjoints sont nommés. Dans le diocèse de Rouen, l’un des aumôniers diocésains adjoints est détaché aux groupes ruraux. Toutes ces mises en place amènent l’U.D.O à songer à constituer officiellement et le plus vite possible un Conseil National qui permettrait au mouvement CV/AV de parler au nom des aumôniers diocésains délégués par leur évêque et non pas au nom de l’équipe de la rue Fleurus alors composée de :

 

MOUVEMENT CŒURS VAILLANTS :

Jean PIHAN alias Jean Vaillant ;

Gaston COURTOIS alias Jacques Cœur ;

Abbé MOUSSION alias G. d’Arhenay.

 

MOUVEMENT AMES VAILLANTES :

Françoise SEBILEAU alias Marie France ;

 

DIFFUSION DES JOURNAUX :

Lucien GRASSINEAU alias Paul Ardent ;

(Qui peut être considéré comme le premier dirigeant national CV).

 

Cependant des remarques se font. Il est dit que CV n’a pas été inventé. Il ne fait qu’utiliser les méthodes actives découvertes depuis le début du siècle par les pédagogues. Il doit à BADEN POWELL et à ses héritiers les notions de « jeu total », du « grand jeu de vie », de « l’enfant être qui joue » et de « l’instinct d’équipe ». Il est redevable à la « Cité des Jeunes » d’avoir centré le jeu de la vie sur l’idée de l’Eglise, Corps Mystique.

Retenons ici que la tâche propre et originale de CV n’a été que de synthétiser ces différents efforts pour créer sous une étiquette attirante un véritable mouvement spécialisé répondant aux diverses nécessités de la formation et de la conquête des jeunes écoliers par l’Eglise. CV, c’est la force d’un journal au service de l’Eglise.

 

Le groupe, c’est un peu la plaque tournante, le centre d’aiguillage de toute la « chrétienté » enfantine, la base d’une véritable cité des jeunes CV est une transition dans la vie de l’enfant qui, d’écolier sera demain jeune travailleur, étudiant, marin. CV, est un moyen choisi pour mettre la jeunesse écolière et plus particulièrement celle des patronages en mouvement. Il est bien de souligner, si ce moyen existe, c’est grâce à un immense courant de prières, de sacrifices, d’esprit de charité fraternelle qui dans les cloîtres comme chez les directeurs de patronages et parmi les enfants eux-mêmes a fait de CV autre chose qu’un journal, puis autre chose qu’un mouvement : un dispensateur de grâces.

 

LE DIXIEME ANNIVERSAIRE DE CŒUR VAILLANT

 

Nous sommes en 1939 ! Mais pourquoi dixième anniversaire ?

 

Rappelez-vous que le 20 octobre 1928, le premier numéro CV paraît. Nous sommes passés d’un rassemblement de lecteurs de CV à un grand mouvement d’écoliers chrétiens, le Mouvement CV qui va sans tarder intégrer les AV pour devenir le mouvement CV/AV de France. Cela se fête et il est difficile de dire à quel moment le Mouvement a commencé, la seule date anniversaire que l’on puisse prendre en compte est celle de la naissance du journal CV. C’est donc normalement en 1938 que l’on aurait dû fêter cet anniversaire. Or, pour G.C puisque la date de parution de la premier édition du « journal des petits gars de France », en fait CV nouvelle formule (souvenez-vous), est le 8 décembre 1929, il opte sans hésiter pour le 8 décembre 1939. Mais à cette date le temps n’est guère pratique. En effet, l’hiver est proche et les journées sont courtes. Aussi les responsables de l’U.D.O portent leur choix pour le 27 avril 1939. La date est commode et permet d’éviter la surcharge très importante de travail pour l’an 1939. La manifestation nationale a lieu au Vélodrome d’Hiver. Ce jour-là, à Amiens ils sont 3 000. A Laval, sous la présidence de Monseigneur RICHARD, ils sont plus de 600 CV et 200 AV de la Mayenne à se retrouver à la cathédrale et à défiler dans la ville. A Metz, 1 000 envoient un télégramme à Paris, ils sont 22 300 CV/AV que certains articles de journaux présentent comme des scouts.

 

Période de Guerre

 

Avec la guerre de 1939 – 1945, le pas change. Le travail de tous les dirigeants est essentiel pour la survie du Mouvement. En dépit de cette situation de guerre, le tirage d’AV ne cesse de croître. Ainsi, le 10 avril 1940, il est tiré à 79 500 exemplaires (quel exploit !).

 

Peu après l’invasion allemande, la France demande l’armistice, la prudence s’impose. Il est convenu de fondre CV et AV en un seul journal de 4 pages (mais dès le 22 septembre 1940, à la plus grande joie de tous, ils reparaissent séparément) et du repli à CLERMONT-FERRAND de l’équipe nationale CV/AV dans une école maternelle de la paroisse Saint-Pierre des Minimes.

 

Ainsi, avec ce repli, nous avons deux équipes CV/AV : l’équipe de CLERMONT-FERRAND (où se trouvent G.C et PIHAN) qui évolue un peu plus librement que celle dite équipe PARISIENNE, celle de la rue Fleurus.

L’équipe LYONNAISE qui évolue en zone libre (zone sud, qui comprend le sud de la Loire moins la région côtière) est composée comme suit :

Gaston COURTOIS, aumônier général.

Paul E. GROSSE, alias Paul JOIE, aumônier national adjoint, responsable de la formation des chefs et dirigeants CV/AV. il seconde, remplace l’aumônier général en d’absence.

Jean PIHAN, aumônier adjoint, responsable des mouvements CV/AV.

Marcel JOB, responsable des journaux d’enfants.

Henri BRISSONNIER, aumônier national adjoint, responsable du service des malades.

Pierre MOREAU et Bernard ALGAN, dirigeant nationaux CV.

Françoise SEBILEAU et Agnès RICHOMME, dirigeantes AV.

Suzanne RAQUIN ; dirigeante et secrétaire générale du Mouvement.

Simone SCHUEMACHER, dirigeante nationale et secrétaire générale de rédaction.

Madeleine TOUZARD, dirigeante nationale et secrétaire générale d’alimentation.

Geneviève FLUSIN, Germaine PELISSIER, Marie Louise BARBIER, toutes trois dirigeantes nationales chargées d’une région.

 

Pour quelque semaines, avec cette équipe, le Mouvement va avoir une adresse qui en soit est tout un programme : 10, impasse de l’Espérance. De là, sortent coup sur coup en 1940, six numéros communs CV/AV. cette équipe obtient après de fructueuses démarches, la vente des journaux CV/AV dans les kiosques et la diffusion desdits journaux par les éditions HACHETTE, ce qui vaut à CV/AV d’adopter une nouvelle présentation plus colorée qui enchante les enfants. C’est aussi de là que sont conçus d’autres projets de journaux qui seront mis en circulation par le génie de G.C et son équipe.

-       Un journal de 8 pages qui s’appellerait « Petit Gars de France » destiné aux enfants des campagnes âgés de 7 à 10 ans, qui paraîtra chaque quinzaine et qui aura pour but de prôner le retour à la terre, la beauté de la vie rurale et chrétienne.

-       Un journal pour les « PAPAS DES CV » dont le premier numéro sortira comme il se doit avec G.C le 8 décembre 1940, sous le titre « VAILLANCE ». ce journal a entre autre objectif : répandre le dynamisme de la vie chrétienne catholique, redonner aux Français le goût de vivre, de résister, de risquer et de s’opposer à la vanité naïve des Français qui se croyaient le premier peuple du monde.

 

En fait, les perspectives s’annoncent bonnes dans la zone sud. Par contre, du côté de « l’équipe PARISIENNE » eu nombreuse et sans grand moyen, c’était plus difficile. Elle dut subir les vicissitudes de l’occupation allemande : visibles de la GESTAPO, non autorisation de journaux, de port d’uniforme et d’insigne, arrestation arbitraire, pose de scellés… A cet effet, l’histoire nous apprend que le 11 mars 1943, Jean PIHAN, qui a rejoint cette équipe de la rue Fleurus, pour faire exister le mouvement à la barbe de l’occupant, l’abbé MAUSSION, Gilbert ROUVRY et René MAURETTE sont arrêtés par la GESTAPO qui pose les scellés à la rue Fleurus. Le motif de l’arrestation : « Vous faites du scoutisme déguisé… ». Après deux heures d’interrogatoire, ils sont relâchés sans jugement au début de l’été 1943. Et Jean PIHAN rejoint Lyon tandis que MAUSSION veille sur la rue Fleurus.

 

En l’an 1940, apprend-on de Pierre LAMBER, si en France le mouvement n’est pas encore reconnu officiellement, en Afrique du Nord, certains groupes le sont.

 

L’année 1941 voit la parution par l’équipe de G.C d’un journal dont l’Union des Œuvres fait sortir le premier numéro au mois de mai. Ce journal qui vise à atteindre les enfants du monde rural, sera intitulé « CV/AV, supplément bimensuel pour les petits gars et petites filles de France ». Il a 8 pages rédigées par Marcel JOB assisté de Simone SCHUEMACHER, alias « ALPYNES » et de Suzanne GIRARD. Ce journal comprend 4 parties essentielles :

-       La première est destinée à accrocher la masse des enfants. Ce sont les histoires de « SYLVAIN ET SYLVETTE », de TINTIN ET MILOU » et une page et demi de jeux ;

-       La deuxième partie veut donner aux enfants une formation humaine et générale. Ce sont les contes, les romans, les nouvelles, les reportages, les dictons et les chants ;

-       La troisième partie a pour but de pousser plus loin la formation de l’enfant du monde rural et de lui faire découvrir le mouvement CV/AV. il y a tout d’abord une petite explication de l’évangile et ensuite l’histoire de « JEAN MARIE ET MARIE JEANNE », des anecdotes vécues.

-       Enfin la dernière partie veut faire « agir » l’enfant qui est déjà en mouvement en proposant des activités axées sur le « PLAN D’ANNEE ». l’édition de ce journal remporte un succès certain (ainsi dès 1942, on note 60 000 abonnés disséminés dans un millier de villages).

 

Quelques semaines après, le mouvement met en vente la brochure tant attendue pour le lancement des groupes ruraux. Cela fait bondir l’archevêque de Bourges, proche de l’action catholique rurale qui confie à l’un de ses proches : « CV pour moi n’est pas un mouvement mais un journal. Nous leur avons toujours interdit de faire un mouvement mais on ne nous a pas écouté ». Ailleurs, l’archevêque de Toulouse considère que CV est un frein à la PRE-JAC (Jeunesse Agricole Catholique) aussi, interdit il l’activité des groupes CV existant en campagne. Mais malgré cela, l’équipe CV ne perd pas courage dans son désir d’atteindre les enfants du monde, les fils de marins… Aussi passe-t-il des accords avec toutes les branches de l’action catholique spécialisée telle que la JEC de France, la JOC, la JAC, la JMC (Jeunesse Maritime Chrétienne) afin d’apporter son savoir aux branches enfantines de ces mouvements. A cette période, CV est reconnu par l’action catholique comme hautement compétent dans l’éducation des enfants à quelque famille sociale qu’ils appartiennent.

 

Le 24 mai 1941, le mouvement déclare à la préfecture du Rhône, la constitution le 21 mai dernier de l’association des CV/AV de France, qui a pour but de « créer, entretenir et développer la formation catholique, patriotique, morale, intellectuelle et physique de la jeunesse ». Cette déclaration est publiée au Journal Officiel du 18 juin 1941. CV dévient ainsi un mouvement national agréé par le Secrétariat Général de la Jeunesse. A ce titre, il bénéficie d’un certain nombre d’avantages moraux liés par certaines obligations vis à vis du mouvement et du pays. Par exemple, le fait que le Secrétaire Général puisse demander au mouvement de participer à des tâches civiques, nationales et à des manifestations telle l’arrivée du Chef de l’Etat ou la fête nationale. Cependant, il convient d’abord pour le Secrétaire Général de prendre l’avis de l’autorité religieuse.

 

Le 16 décembre 1941, une convention signée par Mgr CHOLET, agissant au nom de l’assemblée des évêques et cardinaux, et monsieur Louis GARRONE, agissant au nom du Secrétariat National de la Jeunesse, stipule que les mouvements de jeunesse dépendant de l’action catholique sont appelés à bénéficier de « l’agrément ». le mouvement CV/AV figure sur la liste des mouvements faisant partie intégrante de l’action catholique. L’acte d’agrément signifie pour le Secrétariat Général de la Jeunesse qu’il s’engage à ne pas s’immiscer dans les questions d’ordre spirituel et apostolique et pour l’Eglise qu’elle assume une fidélité active ainsi qu’une participation réelle à l’œuvre de redressement national.

 

Pendant ce temps, l’extension du mouvement continue à se faire. Outre-mer, une même flamme brûle de part et d’autre de la Méditerranée. Elle ne va pas rester isolée puisque le mouvement va arpenter d’autres chemins de lumière. C’est ainsi qu’en 1942, le Centre National, par Madeleine TOUZARD et Paul JOIE, prend contact avec la terre africaine en visitant, en informant et en formant les groupes organisés de Ferryville, de Carthage, de la Goulette, de Kairouan, d’Oran ; de Tlemcen, d’Oujda, de Rabat (Afrique du Nord).

Petit à petit, le mouvement de France fait son chemin vers une connaissance officielle.

 

En 1943 est signé à Lyon un texte d’application mis au point entre les responsables CV/AV et le Service de Préparation à la Vie Ouvrière (SPVO) de la JOC française. Dans ce texte, il est réaffirmé que les 12-14 ans dépendent eux aussi du mouvement des écoliers. Ou encore que la SPVO s’engage à faire de la propagande pour les journaux CV/AV. ce texte officialise par-là même un certain nombre de choses qui font entendre CV/AV comme un mouvement mandaté par le monde des enfants. Ce qui, en d’autres termes, revient à le considérer comme mouvement national, ce que l’assemblée des cardinaux et archevêques n’a toujours pas entériné, si ce n’est en décembre 1941 durant le régime de VICHY.

 

1944, le 10 juin, l’équipe LYONNAISE se réfugie au château de MORANCE où elle a aménagé. C’est de là qu’elle assiste à la fuite des armées allemandes en direction du nord. A Paris, l’abbé MAUSSION brise les scellés mis par la GESTAPO, sur les portes des locaux du 31 de la rue Fleurus.

La parution des journaux est fortement perturbée avant d’être totalement interrompue. C’est ainsi que le dernier numéro de CV/AV supplément bimensuel pour les petits gars et petites filles de France sort le 3 juillet 1944. Courant septembre, on rapatrie sur Fleurus, tous les documents du mouvement. Et le 13 octobre de cette année, se tient enfin le premier Conseil de Coordination réunissant les membres des deux équipes plus que jamais unies.

 

Peu à peu le mouvement de G.C et de PIHAN, découvrait pendant les années de guerre, une autre vision de l’engagement vers lequel ils avaient orienté les efforts et qui s’articulait autour de l’importance du problème de l’enfance. Ainsi l’attention du mouvement va être quelque peu détachée des difficultés internes aux patronages pour se fixer sur tout ce qui faisait la vie des enfants de France et du monde. Cette nouvelle manière de voir les choses, révèle surtout une profonde évolution dans la pensée des fondateurs de CV/AV. nous approchons d’une vision internationale du mouvement, et celui qui est véritablement à l’origine de cette évolution est Jean PIHAN. Ainsi naît l’idée d’une sorte de consortium, d’un comité de coordination des œuvres et mouvements d’enfants, qui pourrait par exemple permettre le partage des méthodes spécifiques aux uns et aux autres, la sauvegarde et la défense des enfants. Justement l’U.D.O y pense. Pour corroborer cette idée, G.C dit dans le journal de l’UNION dénommé « EN CHRETIENTE » : « le mouvement n’a pas à tout faire seul, mais à penser le problème de l’enfance. Il doit venir en aide à tous les éducateurs naturels et surnaturels des enfants : famille, prêtres, instituteurs, mouvements spécialisés ».

PIHAN, grand défenseur de l’idée, marqué par la lecture du livre « France PAYS DE MISSION ? » de Henri GODIN et Yvan DAN, est arrivé à élaborer un projet cohérent, tenant compte des différentes remarques faites ici et là pendant les sessions et autres rencontres réunissant des Prêtres, Sœurs… CV/AV. voici quelques-unes de ces idées : « … de même qu’il y a un problème ouvrier, un problème rural, etc. il y a un problème de l’enfance ou plutôt une quantité de problèmes d’ordre général qui se posent à propos de l’enfant. Actuellement ces problèmes ne sont pas résolus ou le sont insuffisamment. Le résultat en est que la formation chrétienne et même simplement humaine de l’enfant en est compromise… ».

 

Il formule par ailleurs trois affirmations :

1.       L’enfant doit d’abord être étudié en tant qu’enfant et non pas à travers des grandes personnes ou en simple annexe des problèmes qui se posent pour les grandes personnes.

 

2.       Lorsqu’il s’agit d’enfance, la psychologie prime sur le social. Il y a donc priorité des problèmes d’ordre éducatif, pédagogique sur le social.

 

3.       On doit cependant tenir compte des différences de milieux. L’enfant doit être étudié dans tout son contexte familial et social. Toute formation humaine et spirituelle de l’enfant qui ne tiendrait pas compte de ce contexte serait illusoire parce que désincarnée.

 

Il en découle quelques conclusions qui se résument en deux axiomes : il faut créer un mouvement chrétien de l’enfance ; il faut en donner la responsabilité à des personnes ou à un mouvement. Pourquoi pas le mouvement CV/AV ?

 

A la session de l’assemblée des cardinaux et archevêques de 1943, G.C et PIHAN défendent l’idée de la création d’un grand mouvement, mais encore de la nomination d’un aumônier de l’enfance dans chaque diocèse, et la reconnaissance au mouvement d’exercer comme chevalier servant de l’enfance. Ce qui ne manque pas de susciter quelques polémiques.

La publication cette année-là dans le numéro de la collection VITALIS, d’une brochure dénommée « Quelle différence y a-t-il ? » au moment même où en France, cette CV/AV et SCOUTS on étudie la possibilité d’accords de collaboration. Ce petit livre évoque en particulier les différences existant entre SCOUTISME et CV/AV. Les armes employées ? De petites phrases critiquant les manières SCOUTES par rapport aux valeurs chrétiennes. Et la collaboration entre SCOUTS et CV/AV dans certaines paroisses n’est pas des plus sereines. A Neuilly-Plaisance, par exemple, lors d’une fête des mères, les LOUVETEAUX conspuent les CV/AV en pleine salle de réunion et devant 2.000 personnes. A Versailles les Eclaireurs s’emparèrent d’un jeune dirigeant CV, ancien scout, lui mettent une corde au cou et le traînent dans la rue. Dans l’Est de la France, le LOUVETISME est condamné dans les réunions d’aumôniers CV/AV.

En cette période de fin de guerre, l’une des conditions de publication d’un journal passe par l’acquisition d’une autorisation que les rédacteurs de CV/AV ont du mal à se procurer. De ce fait, confronté à d’énormes difficultés, à la fin novembre 1945, par le canal du quotidien « LA VOIX DE L’OUEST », dirigé par l’abbé Jules CHERUEL, le mouvement ne peut faire sortir qu’un seul hebdomadaire en couleur bleue, avec un nombre réduit de pages, conformément aux capacités du quotidien. Ainsi, l’équipe de l’U.D.O se met d’accord pour sortir une semaine CV sous le titre « TINTIN ET MILOU », une autre semaine AV sous le titre de « PERLIN PINPIN ». La troisième semaine, il fait sortir le supplément pour les CV/AV de la compagne qui devient « FRIPOUNET ET MARYSETTE ».

Pendant ce temps, une inquiétude de fait sentir : la parution d’un journal à tendance communiste dénommé « VAILLANT » qui risque fort de faire planer des sous-entendus dans l’esprit de certains. Aussi l’équipe de rédaction de CV doit-elle lancer une campagne de sensibilisation pour éviter que l’on ternisse l’image de CV. Peu après sous le poids des enfants, la pièce officielle de publication du journal est délivrée à la rédaction de CV. C’est là l’occasion d’une grande joie pour les lecteurs. CV reparaît officiellement le 19 mai 1946 sous le titre de « BELLES HISTOIRES DE VAILLANCE. MESSAGE AUX CV » Après la parution de CV, petit à petit les autres journaux liés à la vie du mouvement reparaissent officiellement et réoccupent les cœurs des enfants en un temps record.

 

Le 02 mai 1946, plus de 60 000 CV/AV se rassemblent à Paris. Nous sommes lion du premier meeting de 1931 avec ses 5 000 lecteurs CV.

 

Pour le 20ème anniversaire du journal CV nouvelle formule de G.C en 1949, 70 000 CV/AV se retrouvent à Paris, mais ils seront 550 000 CV/AV à participer à tous les rassemblements à travers la France.

 

Après une vingtaine d’année depuis son premier journal, dix bonnes années pour la mise en place de son organisation au service des patronages des garçons pour la mise en place de son organisation au service des patronages des garçons et peu moins ceux des filles, un tirage hebdomadaire de 391 000 exemplaires en 1948, pour l’ensemble de sa presse enfantine, quatre branches organisées pour assurer au mieux l’animation des groupes, légions, équipes CV/AV, le mouvement CV/AV en France est arrivé à l’âge adulte. Il est devenu une force pastorale qu’on ne peut ignorer. Par l’ardeur de l’équipe CV et particulièrement celle de G.C jeunes et moins jeunes connaissent la célèbre devise : « A CV/AV RIEN D’IMPOSSIBLE ». le mouvement fait donc partie du paysage, même si parfois, quand ils de promènent, les enfants son confondus avec les SCOUTS, et désignés comme membres d’une ONG réservée aux milieux populaires. A la vérité, le mouvement touche les enfants de tous les milieux et en tous les lieux mais de manière inégale. C’est un mouvement de masse. La seule manière de s’en rendre compte est de s’intéresser aux grands rassemblements annuels qui malheureusement furent supprimés par suite de la guerre.

Du 02 au 06 septembre 1953 se teint au collège Saint-Martin de France, à Pontoise (Seine-et Oise), le premier Rassemblement National des Dirigeants CV/AV. A ce grand rassemblement, les groupes « d’Outre-Mer » et de l’étranger sont représentés par des dirigeants du Maroc, de l’Algérie, de Tunisie, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire. Cette même année il a été proposé un plan d’année d’Outre-Mer.

 

En 1954 paraît le terme « CAMPAGNE D’ANNEE » autrefois appelée « PLAN PROGRESSIF » ou « PLAN D’ANNEE ». Elle sera désormais une ligne précise d’action éducative et apostolique du mouvement pour une année. Elle n’est plus comme autrefois fixée par le choix d’un thème, mais par celui d’un besoin psychologique essentiel à l’enfant.

Entre temps, des liens ont commencé à se tisser entre les différents groupes CV/AV. c’est ainsi, par exemple, que les Âmes Vaillantes de France fabriquent des foulards pour leurs « petites sœurs » d’Outre-Mer et reçoivent en échange des objets fabriqués par ces dernières.

 

Petit à petit l’œuvre des prêtres passe dans les mains des laïcs, après biens des remous interne dus au fait que le mouvement était régi par une structure où les prêtres plus précisément les Fils de la Charité dominaient. Ce qui n’était pas bien vu par tous, principalement un véritable mouvement d’action catholique. Au départ ce fut difficile car CV/AV était un mouvement qui existait parce que les journaux tenaient une grande place et parce que les journaux restaient pleinement entre les mains du fondateur G.C. un homme débordant d’énergie, qui était en même temps, patron, chef, prêtre, administrateur, directeur financier, sans compter le fait qu’il était le directeur de l’U.D.O jusqu’en 1955, année où il fut affecté à Rome comme Procureur Général des Fils de la Charité.

C’est une époque qui se termine. Les fondateurs G.C et PIHAN nommé codirecteur de l’U.D.O, en sont conscient mais ils font confiance au dynamisme des dirigeants et aumôniers nationaux et surtout à la force des enfants pour continuer l’action catholique de l’enfance.

 

Le 10 décembre 1955 paraît officiellement en France, « la charte du Mouvement CV/AV ». Cette même année naît « PERLIN PINPIN » le cinquième journal du mouvement.

 

En 1987, les CV/AV de France fêtaient SOIXANTE ANS D’HISTOIRES (1928 -1987).

 

Bousculé par la vie du monde, par une recherche permanente, né au cœur même de la vie des patronages, le mouvement CV/AV de France se forge une identité qui l’amène à devenir l’ACTION CATHOLIQUE DES ENFANTS.

 

 Les premiers présidents de l’association des CV/AV de France :

·         Gaston COURTOIS (1941-1955)

·         René BOURGES (1955-1960)

·         David JULIEN (1960-1961)

·         Berty LESCAUT (1961-1970)

·         Louis GABEN (1970-1978)

·         Madeleine EECKELOO (1978-1980)

·         Elisabeth BERTHALIN (1980-1982)

·         Françoise GILLIER (1982-1985)

·         Mathilde IAAC (1985-1987)

·        

 

Siege social : 152, cours Gambetta 69007 LYON (1941-1946)

31, rue de Fleurus 75006 PARIS (1946-1961)

6, rue Duguay-Trouin 75006 PARIS (1961-1987).

 

 

Conclusion

 

·         CV/AV n’a pas été créé en 1925, ni en 1932, ni en 1939 ;

·         Le nom Cœur Vaillant n’a pas été donné par G.C. il n’est pas non plus l’addition des pseudonymes Jacques Cœur et Jean Vaillant mais plutôt, il fut le choix entre autre de l’abbé LAROCHE, sur les propositions de l’abbé BARD secrétaire général de l’Union des Œuvres, quand il s’est agi de donner un nom au journal des patronages de France.

·         CV/AV est d’abord et avant tout l’idée d’un journal mis en service par l’Union des Œuvres en 1928 pour servir de lien entre les patronages de garçons en France. C’est devant l’ampleur qu’il prend, et les exigences de ses lecteurs que ceux qui, pour avoir longuement œuvré à l’édification de ce mouvement (G.C et PIHAN considérés comme véritables fondateurs du mouvement) proposeront des principes d’organisation qui feront de ce journal un mouvement réel, vivant et actif.

·         Les AV voient le jour autour des années 1936 au sein des patronages des jeunes filles de France.

·         La date officielle choisie par les fondateurs est, non pas celle de la parution du journal CV première formule (20 octobre 1928), ni celle de la parution de CV nouvelle formule de G.C (8 décembre 1929), mais celle qui coïncide avec la sortie du premier numéro d’Ame Vaillante, conformément au désir de G.C, le 8 décembre 1937.

 

Ce qui est sûr, c’est que l’histoire des CV/AV commence autour des années 1720 avec la création en France par les prêtres de Marseille des œuvres où l’on joue, où l’on éduque et où l’on prie. Plus tard, devant l’obédience acquise par ces œuvres, une institution est créée : l’UNION DES ŒUVRES qui, en 1928, plus précisément le 20 octobre, fait paraître un journal dénommé CŒUR VAILLANT qui va plus tard devenir, par le désir de ses lecteurs et de son équipe de rédaction, le mouvement que nous connaissons aujourd’hui.

Extrait du livret de Formation : Il était une fois le mouvement CV-AV de Rigobert AKOMO

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